Professeur des écoles AESH Instance : CTSD, CDEN

 Premier degré : pendant la crise, un plan d’urgence reste plus que jamais d’actualité pour la Seine-et-Marne

Mme la Directrice Académique, Mesdames et Messieurs les membres du CTSD,

Voilà près d’un an que nous connaissons une situation sanitaire, et donc scolaire, exceptionnelle. Près d’un an aussi que nos instances se déroulent de manière inédite, et ce CTSD d’aujourd’hui fait écho au CTSD de mars dernier, déjà sous forme de visioconférence. Entre ces 2 dates, nos écoles ont connu plusieurs protocoles, les personnels, les élèves et les familles ont affronté le stress, l’incertitude, la maladie et parfois la mort. Nous n’étions pas préparés collectivement à endurer une telle épreuve, et si nous semblons nous être habitués à l’imprévisible, qui peut mesurer les dégâts réels de la crise liée au Covid-19, et de sa gestion par le gouvernement, dans notre société et dans notre Ecole ?
Notre organisation syndicale, au fil des annonces gouvernementales, mais aussi de nos instances, a la curieuse impression que les méthodes d’avant la pandémie continuent de s’appliquer pendant la pandémie, alors même que chacun reconnaît la nécessité d’un « monde d’après » forcément différent . « Disruptif » dans la continuité, pour reprendre les éléments de langage officiels : la feuille de route paraît difficile à tenir... Cette impression se vérifie dans la carte scolaire actuelle.
Vous connaissez désormais l’obsession de la CGT Educ’Action 77 pour les moyens supplémentaires. Voilà des années que nous réclamons un plan d’urgence pour la Seine-et-Marne en intersyndicale et avec les parents d’élèves, notre organisation le rappelait encore au CTSD de septembre 2020 : s’il fallait plus de 800 professeurs des écoles supplémentaires en temps « ordinaire » pour rattraper la moyenne nationale , nous estimions avoir besoin d’un millier d’enseignants au moins à cause de la crise actuelle. Aucun moyen supplémentaire n’a été donné à la rentrée 2020 pour anticiper les nouvelles vagues épidémiques. Nous voici en février, et Madame la Directrice Académique, vous n’avez plus de remplaçants à envoyer dans nos écoles. Pour parler dans les termes des Ressources Humaines, vous avez un stock nul alors que la demande explose. Tout autour de nous, les cas se multiplient de collègues accueillant 30 ou 35 enfants parce que les enseignants ne sont pas remplacés. Déjà problématique en temps normal, ce brassage des élèves de plusieurs classes , au mépris du protocole sanitaire, est une menace pour la santé des personnels, des élèves et de tous leurs proches.

136 postes : verre à moitié vide ? A moitié plein ? ou juste une goutte d’eau ?

En septembre, il était encore temps d’anticiper ces problèmes de remplacement et de recruter en conséquence. Aujourd’hui, le Ministère pourrait proposer une carte scolaire pour septembre qui acte que, oui, il va falloir vivre avec le virus encore longtemps, selon les propres mots de notre Président. Et cela veut dire que l’année prochaine encore nous devrons remplacer plus qu’habituellement les enseignants, les AESH et de manière générale tous les personnels au contact des enfants. Avec 136 postes supplémentaires, nous n’aurons pas ces moyens en remplacement indispensables. A ce rythme , il faudrait 6 années pour rejoindre la moyenne nationale en encadrement quand l’urgence est là, tout de suite. Le Gouvernement organise lui-même le dysfonctionnement des écoles dans les mois qui viennent en maintenant la pénurie des personnels. Sur le fond, c’est-à-dire la dotation de notre département, la CGT Educ’Action continue de juger les moyens cruellement insuffisants.

Un manque de confiance envers les équipes pédagogiques...

Nous continuons aussi de reconnaître le travail sérieux de répartition de la DSDEN 77, avec des poins positifs, par exemple le fait de ne pas placer 2 stagiaires sur la même classe comme dans d’autres départements, avec des avancées aussi puisque désormais la priorité sur les Grandes Sections s’applique , de manière cohérente, avec les moyens en postes nécessaires pour garantir des classes à 24. Mais ce travail de répartition est toujours gêné par la multiplication des priorités décidées d’en haut : sur les GS donc, mais aussi sur le rural, sans oublier les dédoublements en CP et CE1 en Education prioritaire, et en attendant la promesse présidentielle de CP et CE1 à 24 dans toutes les écoles...Cet empilement vous rend la tâche impossible, comme sur le rural où l’an dernier la Seine-et-Marne n’avait pas eu les moyens pour tenir les critères ministériels. Inutilement sophistiqué, il crée des inégalités de traitement et des injonctions difficiles à justifier. Notre organisation syndicale reste favorable à un dispositif tel que le Plus de maîtres Que de Classes, avec une règle commune et une application décidée par les équipes pédagogiques. Dans telle école, oui, les personnels décideraient de dédoubler ou d’alléger les CP et CE1 ; dans d’autres au contraire on allégerait les CM2 ou on adopterait une organisation plus souple avec co-intervention plusieurs fois par semaine. Comme vous l’avez signalé au dernier Groupe de Travail Madame la Directrice Académique, le conseil des maîtres reste souverain pour décider de l’organisation des classes, il serait donc bon qu’on lui fasse confiance. Cette confiance reposerait sur la connaissance fine du public scolaire, or les injonctions bureaucratiques actuelles nient ce savoir-faire, pour un résultat aléatoire.

...et un manque de confiance envers les organisations syndicales

Pour parler encore de la forme de cette carte scolaire, nous aimerions revenir sur le dernier Groupe de Travail. La méthode retenue nous interroge, et pour le coup ne montre pas une évolution favorable. Nous ne comprenons toujours pas pourquoi, Madame la Directrice Académique, il a fallu jouer aux énigmes toute la journée pour deviner quelles étaient vos décisions d’ouverture ou de fermeture. Un groupe de Travail fait de devinettes, d’ellipses et de sous-entendus, en langage journalistique il faudrait parler d’instance officielle en off : un exercice sans doute stimulant pour l’esprit, mais le travail paritaire n’en ressort pas, du moins à nos yeux, grandi. A l’heure où on nous parle beaucoup de transparence, de visibilité ( condition de « l’acceptabilité » de la population), et après des années à glorifier le dialogue social, le déroulement du GT paraît d’un autre temps. Au-delà des seuls représentants des personnels, nos collègues méritent d’être informés, en pariant sur la responsabilité de chacun. Cette méthode nous rend d’ailleurs dubitatifs sur votre proposition d’une réunion en avril avec les organisations syndicales, réunion de 2 heures sans cadrage précis. Si cette réunion consiste à échanger de manière informelle des mots d’esprit, et faire oublier la disparition bien réelle des instances paritaires, la CGT Educ’Action 77 n’en sera pas : nous réclamons pour les collègues le retour à des instances paritaires cadrées sur la mobilité ou l’avancement.
Concluons avec notre obsession première : les moyens. Madame la Directrice Académique, alors que les nouveaux variants du Covid-19 font peser une grave menace sur les personnels et les élèves, avez-vous des moyens supplémentaires en urgence pour freiner la contamination ? Avez-vous d’ores et déjà des dotations massives en postes pour anticiper la rentrée, forcément inédite, de septembre 2021 ? Si tel n’était pas le cas, vous pouvez, Madame la Directrice Académique, compter sur la CGT pour vous aider à les réclamer et les obtenir.

Quels sont les résultats de cette carte scolaire ? C’est ici